ANA POPOVIC: Like It On Top (2018)

Trois ans après son triple album (Trilogy) la guitariste serbe nous revient avec « Like it on Top », son neuvième exercice studio au travers duquel elle célèbre les femmes qui arrivent au sommet, enregistré à Nashville, et produit par Keb ‘Mo, qui co-signe plusieurs titres. Entourée de Kenny Wayne Sheperd et Robben Ford, Ana Popovic emprunte, pour faire passer son message, les chemins du Funk, du Blues, de la Soul, de la Pop et même un « beat » légèrement Reggae tout en restant fidèle à son Rock saupoudré Country, ce qui donne un album ô combien éclectique mais dont la première écoute sonne un peu «  fourre tout » voire commerciale, comme si elle avait voulu accéder à un statut en rapport avec ses prestigieux invités. Mais après avoir squatté la platine pendant une semaine force est de constater que l’on a affaire à un bon disque, voire à un très bon album ! « Lasting Kind of Love » qui ouvre le disque nous emmène sur les bases de son habituel rock-heavy-blues mais avec un groove imparable, légèrement reggae, en duo avec Keb’Mo, suivi du titre éponyme tout aussi implacable dans la même veine, qui ne demande qu’à être écouté à fort volume. Surprise avec le troisième titre « Sexy Tonight » tuerie funk–rock, où cette fois entourée d’un Kenny W. Sheperd qui sonne comme Eric Gales, elle convoque le fantôme de Prince ; la tension retombe avec « Slow Dance » en duo guitaristique avec Robben Ford qui sonne comme aux plus belles heures d’Atlantic. Magnifique morceau doté d’une mélodie imparable. « Funky Attitude » convoque les cuivres qu’elle accompagne d’un très bon solo, avant de nous offrir un « Last Thing I Do » emballé dans son écrin rock–country qui nous rappelle « Comfort to the Soul » l’un de ses meilleurs albums. « Virtual Ground » sonne plus pop et conforte au passage l’excellent choix de co-writing avec Keb’Mo et conduit l’auditeur vers la fin de l’album avec deux titres bluesy « Brand New Man » et « Matter of Time » plus empreint d’un léger habillage country avant de conclure d’un paisible « Honey I’m Home » plus soul tranquille. Ana Popovic vient donc de réussir un bel exemple d’album à l’écriture maîtrisée, à la fois taillé pour la radio (aux States, hein, ne rêvons pas !, ici il ne faut même pas y penser...) tout en confirmant au passage son statut de guitariste et chanteuse de tout premier ordre.

Chris Marquis

La belle artiste suit la logique de son album précédent et continue sa lancée dans la catégorie « musique d’ascenseur et autres mélodies pour centres commerciaux et grands magasins ». Désolé mais son dernier disque génère plus l’ennui qu’autre chose. Associée au guitariste Keb’ Mo’, Ana a concocté une réalisation qui s’oriente très franchement du côté du funk. D’accord, c’est bien produit et le son est impeccable. Mais au final, c’est chiant ! Et les invités de marque (Kenny Wayne Shepherd et Robben Ford) n’arrivent pas à faire passer la pilule. À part le funk aseptisé pour passage en radio, on est à peine diverti par un blues-rock funky (« Sexy tonight »). Il faut quand même signaler un beau slow teinté de soul (« Slow dance ») et une jolie ballade (« Honey, I’m home »). Bon, on n’a pas tout perdu. En plus, deux blues redonnent quand même un peu d’espoir (« Brand new man » et « Matter of time » exécuté au dobro). Mais quatre bons titres seulement, c’est bien peu ! Ana nous avait habitués à beaucoup mieux (enfin, avant « Trilogy »). Il faut espérer qu’elle se ressaisisse pour son prochain disque et qu’au lieu de viser le « top », elle revienne « on the ground ». En d’autres termes, elle ferait mieux de réviser sa copie et d’abandonner son escalade au sommet pour retourner au terroir du blues. Laissons donc le Proviseur du Lycée Rock conclure par une appréciation objective : « Ce « Like it on top » ne s’adresse ni aux fans de blues ni aux rockers et se fait recaler à l’oral sans passer par la session de rattrapage. Le retour à la classe inférieure semble inévitable. »

Olivier Aubry